De Ben Laden à Merah: de l'icône à l'image, par Jean-Claude PAYE

De Ben Laden à Merah : de l’icône à l’image (1/2)

Par Jean-Claude Paye et Tülay Umay | le 20. juin 2012  Jean-Claude PAYE est l’auteur d’une réflexion très en profondeur et très radicale de la dérive de notre société du discours vers le règne du regard. C’est le livre: L’Emprise de l’image, de Guantanamo à Tarnac.

Ainsi, le scénario pose problème. Pourquoi Mohamed Merah ou son frère (la question n’est toujours pas tranchée à travers les informations qui nous ont été offertes) s’est-il rendu chez un concessionnaire qu’il connaît pour lui demander des renseignements sur le traqueur, alors que des témoins des premiers meurtres ont signalé que le tueur utilisait un scooter de ce type.
L’instrumentalisation de l’affaire Merah a été relevée par de nombreux observateurs. Le ministre de l’Intérieur Claude Géant est apparu, en violation avec la séparation des pouvoirs, comme le directeur des opérations judiciaires. Cependant, il ne s’agit là que de l’aspect secondaire de cette affaire. L’élément principal réside dans la capacité du pouvoir de s’exhiber comme terrorisme d’Etat, sans voilement et sans que cela suscite de réactions. Cette manifestation de toute puissance crée un état de sidération. Le pouvoir se donne la possibilité de nommer les individus comme terroristes, de les exécuter sans jugement et de nous enfermer dans l’injonction surmoïque de se taire.
Le discours des guerres de L’Empire, la lutte contre le terrorisme, ainsi que  l’affaire Merah, ne peuvent être réduits  à de simples actions de propagande. La production d’une fausse conscience n’est pas l’élément premier.[1] Ce qui est essentiel dans l’affaire Merah, comme dans l’ensemble de la lutte antiterroriste, n’est pas la manipulation des mots et du visible, mais le déni de la fonction du langage. Ainsi, les mots ne se séparent plus des choses. Comme le sujet n’est plus un « parlêtre »,[2] il se réduit à un effet de la « langue » du pouvoir, à un ensemble d’attributs  définissant sa substance: « terroriste », « frustré », « fondamentaliste »…..
suite des articles:

De Ben Laden à Merah : de l’icône à l’image (1/2)

L’affaire Merah : un effet de sidération (2/3)


Ils font suite aux petits papiers déjà publiés dans l’Humanité
https://www.humanite.fr/societe/l%E2%80%99affaire-merah%E2%80%89-un-effet-de-sideration-496431
et dans le quotidien régional Le Journal du Pays basque
https://www.lejpb.com/paperezkoa/20120519/341757/fr/L%E2%80%99affaire-Merah-Croire-l%E2%80%99image-que-l%E2%80%99on-ne-peut-voir
bien à vous,  Jean-Claude Paye

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