De la créativité et de son exploitation abusive en entreprise…

Attention ! La créativité est à la mode ! Pas un article de journal, pas un discours de dirigeant, pas un programme de politique qui ne se réfère à l’absolue nécessité de la créativité –

Une prise de position d’Isabelle JACOB, une formatrice, que je partage totalement. Yves MICHEL
Chic, s’exclame-t-on! Enfin la créativité sort de son image purement « récréative » – Enfin on va nous prendre au sérieux !! Enfin on va enfin pouvoir puiser dans ce réservoir immense de talents, d’énergie, de plaisir, d’idées, d’innovation, de puissance de travail !!
Or, on assiste à de drôles de phénomènes ces temps-ci.
Des entreprises font appel à nous pour animer des groupes à l’aide de techniques d’animation créative, car, nous dit-on, « Il est important que le personnel s’exprime ».
En creusant un peu la demande, en tentant d’identifier le résultat attendu d’un tel processus et des suites données en termes de transformation de l’existant, force est de constater que nous avons très peu de clefs : pas de vision, peu d’implication du management, peu de marges de manœuvre en termes de propositions, flou artistique sur le suivi des propositions émises, peu de réelles initiatives possibles – L’important pour nos interlocuteurs semble n’être qu’une « purge » nécessaire pour apaiser un climat social tendu, se donner l’image d’une approche concertée de management des ressources humaines, paraître innover et surprendre, « faire différent de d’habitude », démontrer qu’ « on fait quelque chose pour eux », offrir une pause récréative …
Nos interlocuteurs sont dans une logique de commande d’un « produit » aux vertus miracles. Dans la phase de clarification de la demande, afin de transformer cette commande en demande, nous posons des questions complémentaires essentielles pour comprendre le contexte, démêler les paradoxes apparents, les incohérences perçues, et parfois nous sondons quelques alternatives sous forme de contre propositions qui nous semblent davantage en phase avec notre analyse du besoin – Nos interlocuteurs ont bien du mal à nous donner les informations demandées, bottent en touche, s’accrochent à leur commande comme à un « joujou ». S’il se cache parfois un manque de connaissance des processus créatifs, nous intuitons derrière bien des commandes des « hidden agendas » (des buts cachés) : se faire valoir en interne en proposant un dispositif « innovant », manipuler plus ou moins consciemment ses collaborateurs dans le but de faire baisser la pression dans un climat général de mécontentement, …
Il nous semble essentiel de dire et répéter à l’envi que :
<!–[if !supportLists]–>- les approches de créativité n’ont pas pour but de simuler une participation, mais d’initier un processus global et structuré de réflexion collective, permettant d’établir, conjointement et avec l’implication de tous, un diagnostic partagé, de s’accorder sur le défi collectif à relever, de rechercher des solutions ensemble et de les développer afin que des décisions puissent être prises.<!–[endif]–>
<!–[if !supportLists]–>- les approches de créativité n’ont pas pour ambition de ne permettre qu’une « décharge émotionnelle » de ses collaborateurs ? Si décharge émotionnelle il y a, celle-ci devra être utilisée comme tremplin pour des propositions de transformations, de « guérisons » d’un système malade ayant généré ces mécontentements, malaises, crises.<!–[endif]–>
<!–[if !supportLists]–>- Le processus de créativité, éminemment orientés solutions, se devra au préalable d’anticiper sur les lendemains de la production générée durant la séance de créativité . Qui va s’emparer des propositions émises ? Quel feed-back sera-t-il donné aux propositions et aux participants ? Comment ? … Ce processus s’inscrit dans une réelle volonté de transformation, avec des porteurs de projet engagés et responsables devant les autres, …<!–[endif]–>
<!–[if !supportLists]–>- Enfin mettons en lumière que, si le processus créatif est en mesure de faire émerger de façon puissante chez les participants l’espoir de changement, le désir d’en être acteurs et bénéficiaires par la même occasion, toute déception quant à un processus avorté comporte de grands risques de générer un effet boomerang excessivement destructeur. L’arroseur se trouverait ainsi arrosé à son tour sans aucune forme de contrôle possible. L’utilisation équivoque de la créativité comme remède miracle ne fera alors que renforcer le mécontentement ambiant et aiguiser davantage le ressentiment et l’impression d’être instrumentalisé.<!–[endif]–>
En tant que praticiens des approches créatives, au delà de la maîtrise des processus de facilitation créative de groupes, au delà des outils et techniques, nous avons une posture et une éthique de consultant nous poussant à n’utiliser notre savoir faire qu’à bon escient, dans des contextes où l’ensemble des acteurs concernés seront gagnants.
Et si « la créativité ne s’use que si l’on se s’en sert pas »,
On pourrait dire aujourd’hui:  « la créativité gadget est un produit jetable »
Isabelle Jacob

Pas de réponses

  1. Daniel Maniscalco - dit :

    Un article intéressant !
    De vrais marchés pérennes sont à conquérir pour booster la créativité réelle et favoriser la création de nouveaux produits, services et entreprises, dans le respect des intérêts légitimes de chacun.
    Une formation initiale et continue sur la créativité en entreprise, dans une perspective de développement éthique et durable, mais aussi financier pour un retour en argent, en monnaie légale et complémentaire – mais aussi en ressources physiques et matérielles – de celles et ceux qui innovent et contribuent par leur créativité au développement des entreprises seraient bienvenus.
    Cela stimulerait l'économie réelle et serait un juste retour des choses et apporterait une juste rémunération en rapport avec le chiffre d'affaires et les bénéfices générés par les entreprises pour les créateurs, inventeurs, innovateurs et auteurs de concepts innovants, sans qui aucun produit et service ne peut exister.
    Cela permettrait aussi de créer de vraies richesses financières (revenus, TVA, impôts).
    Je pense donc qu'il y a une ou plusieurs pistes à explorer pour créer un véritable environnement, un véritable écosystème dyanmique, économique, financier et social.
    Qu'en pensez-vous ?

  2. michel philippe dit :

    la nature humaine de la plupart de mes congeneres ne me laisse aucunes illusions.et j'ai souvent verifie qu'on etait jamais trahi que par les siens. revoir " que les gros salaires levent le doigt". et si j'avais a choisir, je prefererais un stage d'accrobranche plutot que de prendre le risque de m'exprimer au cours d'une formation telle que celle qui vous sont commande. j'en veux pour indice revelateur de l'epoque, cette pub pour colissimo ou l'on voit un employe brinquebale au gres des caprices de la commanditaire d'un colis.je suis deja, pour ma part, dans ce que vous appelez l'effet boomerang, car j'ai compris depuis longtemps qu'il n'y a rien a attendre de vos commenditaires.

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