Sommes tous complotistes ?…

Le qualitatif de “complotiste” est une manière simpliste d’éviter tout débat, en faisant passer celles et ceux qui doutent pour des enfants ou des imbéciles… Stop ! nous avons des connaissances, nous savons mener des recherches et notre expérience de vie nous permet d’assumer nos positions, dans le domaine de la santé en particulier.

Ci-après l’édito du magazine Alternative Santé que j’agrée complètement. Nous avons besoin d’éclairages indépendants sur les questions de santé.

Lisez également plusieurs papiers dans Le Monde Diplomatique.  Y.M.

Bonjour à tous,

Un sondage commandé par la Fondation Jean Jaurès et l’ONG Conspiracy Watch a fait l’effet d’un coup de tonnerre cette semaine, générant stupeur et indignation dans les médias grand public : 8 Français sur 10 seraient… complotistes !

Stupeur, incrédulité, indignation ! Comment est-ce possible au pays des Lumières ? C’est, en fait, assez simple : à questions aberrantes, résultat aberrant. Ne nous attardons pas sur les biais méthodologiques de l’enquête qui ont contribué à ce résultat, pour nous concentrer sur l’intitulé des questions elles-mêmes. Ou plutôt d’une question parmi les dix posées aux enquêtés, celle qui concerne les vaccins. Sans doute serez-vous heureux d’apprendre que si vous pensez que toute la vérité n’a pas été dite sur la nocivité des vaccins, vous faites partie selon l’IFOP des « complotistes », aux côtés des personnes qui pensent que la Terre est plate, ou qu’elle a été créée il y a moins de 10 000 ans, en même temps que l’Homme.

Bien sûr, si vous vous dites « tout à fait d’accord » avec l’idée que toute la transparence n’a pas été faite sur les dangers vaccinaux, il vous aura d’abord fallu surmonter une barrière psychologique de taille. Celle de la formulation volontairement caricaturale, floue et démagogique de la question du sondage :

« Le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins. »

Car vous comprenez que cautionner la phrase en l’état vous met immédiatement du mauvais côté de la ligne de partage entre raison et croyance, stabilité mentale et paranoïa, du moins telle que la conçoivent les élites éclairées pourfendeuses autoproclamées des fake news. Mais le piège est tellement gros, et l’insulte à l’intelligence tellement visible, que vous êtes sans doute quand même tenté de répondre oui, juste par provocation. Car, contrairement à l’IFOP, vous maîtrisez un peu votre sujet.

Et vous savez que, si le concept flou et poujadiste de « mèche » avait été remplacé par celui, objectif, de « conflits d’intérêts non déclarés », sans doute ce sondage aurait-il pu éclairer un problème de fond dans notre démocratie sanitaire. Pas un complot ourdi par des satanistes psychotiques à la solde des Illuminati, mais une réalité dénoncée tant en Europe qu’en France par nombre d’ONG et d’associations (Revhab, Formindep, E3M, Health Action International, Corporate EU Observatory…), d’instances d’évaluation (Parlement européen) ou de revues (Prescrire), peu soupçonnables de complotisme.

Et vous vous dites que le mot « cacher », qui implique une intention collective de nuire et semble transformer tout décideur du ministère de la Santé en empoisonneur volontaire tapi dans l’ombre, aurait mérité d’être remplacé par des concepts beaucoup plus opératoires et éclairants. Cela aurait pu permettre de sonder l’état de l’opinion sur :

  • Les lacunes avérées de la pharmacovigilance (tous vaccins confondus, « seuls 1 à 10 % des effets secondaires graves seraient rapportés », d’après notamment La Revue du praticien).
  • Une parole politique sur la question décrédibilisée par « une minimisation hypocrite des risques » (selon les termes de la journaliste Lise Barnéoud), foulant aux pieds le droit au consentement éclairé.
  • La quasi-absence de recherches sur le sujet financées sur fonds publics (l’extrême majorité des recherches émanant des laboratoires pharmaceutiques eux-mêmes).

Sur la seule question de la dangerosité des adjuvants aluminiques, à la suite des travaux du professeur Gherardi sur la myofasciite à macrophage, ceux récents de Christopher Exley sur l’autisme, une équipe de la branche Europe du Nord du groupe Cochrane (c’est-à-dire le plus haut standard en méthodologie scientifique) vient de lancer une campagne de financements participatifs pour une analyse indépendante et fouillée car « c’est un fait connu qu’il n’y a pas de données valides sur les adjuvants aluminiques utilisés dans les vaccins », explique Christiaan Gluud en charge du groupe de travail.

Pas connu de la ministre de la Santé Agnès Buyzin, manifestement, qui disait encore il y a peu : « Nous avons la certitude que ces vaccins sont inoffensifs. » Alors ? Volonté de « cacher », incompétence ou irresponsabilité de la part de la ministre ?

Cette dernière déclarait récemment en outre qu’il n’y a « pas de vaccin contre le complotisme ». En fait si : la transparence et l’honnêteté, plutôt que l’infantilisation généralisée de citoyens.

Sa propension aux certitudes non étayées a en tout cas de quoi effrayer. Mais apparemment pas les sondeurs-procureurs de l’IFOP, qui préfèrent ânonner de fausses évidences et caricaturer grossièrement les points de vue critiques, au risque de se transformer malgré eux en chiens de garde du gouvernement et en purs instruments de communication politique.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes que ce maladroit jeu de véridiction sur la question vaccinale s’inscrive dans une intention affichée et louable de tirer la sonnette d’alarme à l’heure de la « post-vérité » : car en voulant donner l’état de l’opinion sur le sujet des complots, l’IFOP a dévoilé la sienne sur les vaccins, et elle est bien mal informée.

Prenez soin de vous,
Alternative Santé

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