Bientôt la fin du mercure dentaire ?
COMMUNIQUÉ DE PRESSE du Réseau Environnement Santé, Paris, le 14 janvier 2013,
Dernière session des négociations internationales sur le mercure : les amalgames dentaires seront-ils interdits ?
Du 13 au 18 janvier, la cinquième et dernière session du Comité Intergouvernemental de Négociation sur le mercure (INC5) décidera à Genève des mesures qui doivent être prises pour limiter la pollution et l’exposition de la population mondiale à ce métal extrêmement toxique [1].
Dans ce cadre, les amalgames dentaires, ces matériaux d’obturation composés pour moitié de mercure, devront être réglementés. Or, dès 2009, les instances dentaires ont proposé aux fabricants d’amalgames de les représenter lors des négociations pour faire en sorte que leurs « activités commerciales » ne soient pas interdites [2].
En Europe, les amalgames dentaires représentent pourtant le second facteur de pollution au mercure, après la filière chlore alcali : ils passeront au premier rang dès que cette industrie aura achevé de se moderniser [3].
En Amérique du Sud, le mercure à usage dentaire est détourné de ses fins premières ; les prospecteurs s’en emparent pour chercher de l’or. Si les négociations réglementent l’orpaillage sans régler le problème du mercure dentaire, elles n’obtiendront malheureusement pas à l’effet escompté [4].
Enfin, dans la mesure où les pays riches se détournent progressivement de l’amalgame, il paraît très probable que celui-ci sera largement écoulé dans les pays pauvres, creusant encore les inégalités environnementales : les pays africains ont déjà annoncé qu’ils refusaient de devenir le « dépotoir de l’amalgame dentaire » [5].
Le maintien de ce dispositif médical ne peut donc pas s’expliquer sur le plan environnemental. Du point de vue sanitaire, il est également injustifiable. Même si les agences sanitaires européenne [6] et française [7] persistent à nier tout risque de toxicité, l’Organisation Mondiale de la Santé a reconnu en 2011 que des risques systémiques sont associés à l’amalgame et que la neurotoxicité du mercure est particulièrement préjudiciable au cerveau en développement de l’enfant [8].
On sait en effet que les amalgames dentaires sont les premiers contributeurs à la charge corporelle en mercure dans les pays développés [9].
Les risques les plus importants sont encourus par les professionnels de la dentisterie [10].
En plus du large éventail de symptômes non spécifiques qu’il est susceptible de produire, le mercure dentaire pourrait être impliqué dans l’explosion des maladies neurologiques (autisme, maladie d’Alzheimer, sclérose en plaques, etc.) à laquelle nous faisons face [11].
Comment accepter ce risque, alors que nous savons désormais que :
– l’amalgame dentaire est parfaitement remplaçable – plusieurs pays en ont fait la démonstration désormais [12] ;
– certaines alternatives ont une longévité au moins équivalente [13] ;
– le coût de l’amalgame pour la société est nettement supérieur à celui des alternatives [14] ;
– le Ciment Verre Ionomère (CVI), une alternative biocompatible, améliore l’accès aux soins dans les régions pauvres puisqu’il est de faible coût, que la pose ne nécessite pas d’électricité et qu’il peut être utilisé par des non-dentistes [15] ?
La France, ralliant l’avis du Conseil de l’Europe [16] et de la société BIOIS [17], accepte à présent de renoncer au mercure dentaire [18] : espérons qu’elle fasse entendre sa voix lors de l’INC5, et que les négociations aboutiront à un programme ambitieux pour le monde.
Contact presse
– Geoffrey Begon / namd.asso@gmail.com / 06 52 58 46 06
[1]. https://www.unep.org/hazardoussubstances/Mercury/Negotiations/INC5/tabid/3471/Default.aspx
[2]. Bengtsson, Ulf, « Rapport sur les conflits d’intérêts. Les parties prenantes pro-amalgames aux négociations sur le mercure du PNUE », 2011. Cet article est disponible depuis le site de Non Au Mercure Dentaire : https://www.non-au-mercure-dentaire.org/
[3]. COWI, Options for reducing mercury use in products and applications, and the fate of mercury already circulating in society, 2008. https://ec.europa.eu/environment/chemicals/mercury/pdf/study_report2008.pdf
[4]. Hylander, Lars D., « Dental bonds to small-scale gold mining », 2012. Cet article est disponible depuis le site de Non Au Mercure Dentaire : https://www.non-au-mercure-dentaire.org/les-dossiers.php?article=184
[5]. https://www.non-au-mercure-dentaire.org/les-dossiers.php?article=152
[6]. https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&sqi=2&ved=0CDcQFjAB&url=http%3A%2F%2Fec.europa.eu%2Fhealth%2Fph_risk%2Fcommittees%2F04_scenihr%2Fdocs%2Fscenihr_o_016.pdf&ei=4JruUNrKG_TB0gXz4YGIDA&usg=AFQjCNFHukG_JxGVZv534OuIYmo9W51C0A&sig2=KQwQQJYfIcA0voyMeoBY-g&bvm=bv.1357700187,d.d2k
[7]. L’ANSM « actualise » le rapport de 2005 qui concluait à l’absence de toxicité du mercure dentaire. Le nouveau projet de rapport défend la même thèse. Ce texte, pour lequel nous ne parvenons à connaître ni les auteurs ni les experts auditionnés, procède d’une d’une méthodologie destinée à écarter les études qui mettent en cause la toxicité du mercure dentaire : dans un premier temps, les publications scientifiques sont réduites en nombre comme peau de chagrin, au moyen de critères d’exclusion injustifiables ; puis les études soutenant l’hypothèse d’une association entre les amalgames et une pathologie sont invalidées au prétexte de « biais méthodologiques ».
[8]. https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CC0QFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.who.int%2Foral_health%2Fpublications%2Fdental_material_2011.pdf&ei=uZzuUN2HAujI0AXNvoDADA&usg=AFQjCNGXCRSKekWgoo97AM0rxItg8hTstQ&sig2=Qe2UPU3iGH1vf3fE6PS51Q&bvm=bv.1357700187,d.d2k
[9]. https://www.inchem.org/documents/ehc/ehc/ehc118.htm
[10]. NAMD, « Tourner la page du mercure dentaire », 2013. Disponible depuis https://www.non-au-mercure-dentaire.org/les-dossiers.php?article=184
[11]. Ibid.
[12]. Le Japon et la Russie s’en dispensent depuis longtemps. La Suède, la Norvège et le Danemark l’ont interdit entre 2009 et 2010.
[13]. Mickenautsch S, Yengopal V, Banerjee A, “Atraumatic restorative treatment versus amalgam restoration longevity: a systematic review”, Clin Oral Invest (2010) 14:233–240.
[14]. https://www.toxicteeth.org/pressRoom_recentNews/April-2012/New-Economics-Report–The-Real-Costs-of-Dental-Mer.aspx
[15]. https://www.non-au-mercure-dentaire.org/actualites-non-au-mercure.php?article=154
[16]. https://assembly.coe.int/Mainf.asp?link=/Documents/AdoptedText/ta11/FRES1816.htm
[17]. https://ec.europa.eu/environment/chemicals/mercury/
[18]. https://reseau-environnement-sante.fr/2012/06/28/dossiers-par-themes/communique-de-presse-28-juin-2012-mercure-dentaire-nouvelle-position-francaise/#more-4685
Commentaires récents