Entretien avec Yuri BANDAJEVSKI après l'accident de Fukushima et 25 ans après Tchernobyl

Au début de l’année 2011, se préparait la 25ème commémoration de l’accident de Tchernobyl. Yury Bandajevski, anatomo-pathologiste, qui après l’accident de 1986 était allé fonder un hôpital et une université de médecine au coeur des zones contaminées, qui 9 ans plus tard a été emprisonné par la dictature bélarusse pour ses opinions sur la prise en charge des victimes de Tchernobyl et qui après sa libération a fondé au bord des zones contaminés ukrainiennes un centre international destiné à la radioprotection des habitants des zones contaminées, était un interlocuteur particulièrement à même d’enrichir en profondeur notre réflexion autour de cette commémoration.

Tchernobyl, Fukushima … après la survenue de la catastrophe japonaise, l’entretien s’est poursuivi.

Entretien avec Yury Bandajevski, Pr de Médecine, Fondateur et premier recteur de l’Université de Gomel (Belarus), Fondateur et Président du Centre International Ecologie et Santé de Kiev, auteur de TCHERNOBYL, 25 ANS APRES (éditions Yves MICHEL) à l’occasion du 25e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl
Entretien réalisé par Roland Merieux, Secrétaire du syndicat d’aide aux liquidateurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl et aux victimes du nucléaire
Premier entretien réalisé le 28 février 2011


PARTIE I : Le présent, les populations victimes et l’avenir de l’humanité — Le Centre Ecologie et Santé de Kiev
1)     Comment voyez-vous la situation sanitaire aujourd’hui dans les principales régions contaminées par le nuage de Tchernobyl ? (Belarus, Ukraine, Russie)
Dans les régions contaminées par l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, la situation sanitaire de la population est aujourd’hui tragique. La mortalité dépasse nettement la natalité du fait de l’augmentation permanente du nombre de malades atteints de pathologies cardio-vasculaires et de cancers. Des personnes en âge de travailler meurent. L’exemple le plus frappant est celui du district d’Ivankov de la région de Kiev en Ukraine, le plus proche de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Les indicateurs de santé de ce district témoignent d’une catastrophe démographique et de toutes les conséquences qui en résultent.
Les gens ne sont pas protégés par  des mesures de radioprotection et consomment des aliments contenant des radioéléments. Le système de surveillance de la radioactivité des lieux d’habitation et des aliments, de même que celui de la radioactivité corporelle des habitants de ce territoire, ne fonctionne pas. De plus, dans ce district, les conditions permettant d’assurer les traitements médicaux indispensables aux malades ne sont pas remplies. Il peut en être conclu que les autorités ont ignoré l’impact du facteur radioactif sur la population locale.
A mon avis, il existe un aspect moral dans la situation actuelle. Durant plusieurs décennies, les gens vivant en ex-URSS ont été accoutumés à l’idée que la vie humaine ne compte pas et dépend de la décision du pouvoir en place. C’est pourquoi dans le pays de la « dictature du prolétariat », où sur le plan matériel tous les citoyens dépendaient du gouvernement, une « psychologie d’esclaves » s’est solidement installée dans la société. Dans ces conditions, la réaction de la population ayant subi la radiation suite à la catastrophe de Tchernobyl n’est pas étonnante. Même les personnes qui ne sont pas d’accord avec la thèse du pouvoir officiel tendant à minimiser la dangerosité de la radioactivité sont obligées de se soumettre, craignant de perdre leurs moyens d’existence, car la majorité d’entre elles sont pauvres. Une telle situation n’est possible que dans les conditions d’une dictature bien installée dans le passé comme aujourd’hui, notamment au Bélarus. La psychologie d’esclaves prend le dessus.
Lire la suite  sous format .pdf:  BANDAJEVSKI entretien Fev 2011 et Mars 2011 FV

– l’article paru le 25 avril dernier dans Le Monde: Bandajevski Rivasi Cohn Bendit – LE MONDE 26avr2011

– le lien sur l’artIcle du contradicteur :
https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/06/nucleaire-retablissons-quelques-verites_1517684_3232.html
le texte de la réponse faite par Y. Bandajevski aux arguments du contradicteur présent actuellement sur le site de Daniel Cohn Bendit..
Bien à vous
Bénédicte Belgacem / Les Amis de Yuri BANDAJEVSKI

Pas de réponses

  1. Gilles dit :

    Dans le document "BANDAJEVSKI entretien Fev 2011 et Mars 2011 FV" il est dit :
    "L’ensemble des dommages qu’il faut prendre en compte sont provoqués par les effets toxiques sur les structures vivantes du rayonnement ionisant lié à la désintégration des radionucléides, des radionucléides Cs-137 eux-mêmes, mais également de leurs descendants, à savoir le baryum 137 et le baryum stable.".
    Bien évidemment le baryum stable n'a pas d'effet toxique du fait du rayonnement émis, mais à cause de la toxicité du baryum dissous dans l'eau.
    Un peu plus loin, le texte est plus clair.

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