Lettre aux citoyens indignés par les turpitudes des financiers et des puissants

Lettre aux citoyens indignés par les turpitudes  des financiers et des puissants.

Lettre N° 4  par Claude Neuschwander
Même si l’Europe se trouve nettement moins endettée que les Etats Unis, elle l’est quand même beaucoup. En Grande Bretagne ce sont les particuliers qui sont endettés ; en France c’est l’Etat alors que les familles épargnent plutôt. La dette s’est particulièrement accrue depuis 1à ans en particulier sous la Présidence de Sarkozy, conséquence directe des cadeaux fiscaux, notamment en forme de niches, consentis aux contribuables les plus fortunés, sous la forme protectrice d’un bouclier fiscal, désormais l’emblème d’un sarkozysme des riches. Les économies européennes, à l’exception de l’Allemagne – qui ne subit pas encore les conséquences de sa démographie déclinante – souffrent de ces faiblesses devenues structurelles, ce qu’exploitent, de façon proprement obscène, les institutions financières de toute la planète au service de la finance mondiale. En Europe, les banques sauvées par l’intervention des Etats, donnée le plus souvent sans contrepartie, recommencent sans vergogne, sitôt qu’elles pensent que le plus fort de la tempête est passé, leurs errements précédents : bonus démesurés, salaires outranciers, dividendes distribués au détriment des besoins de l’entreprise et notamment de la consolidation des fonds propres…
Décidément, le libéralisme  c’est l’injustice, la misère et l’irresponsabilité!Le libéralisme, c’est la ruine.
Les Indignés de toute la planète ont donc raison d’entamer leur lutte contre les dominants de tout poil dont le projet est bien d’accumuler sans limite de l’argent et du pouvoir, quelles qu’en soient les conséquences pour le reste de l’humanité. Car il faut bien mesurer les désastres factuels qu’entraîne la façon dont les dominants dirigent la planète sans contrôle ni contrepouvoir démocratiques, et ce, depuis plus de trente années.
    Dans les entreprises où ils s’introduisent par l’intermédiaire des fonds de placement, ils imposent des retours sur investissement proprement insupportables (supérieurs à 15 %) et qui entraînent automatiquement les  fermetures d’usines ou les délocalisations. La désindustrialisation qui en a résulté dans de nombreux pays d’Europe a généré en contrepartie les suppressions d’emplois en grand nombre, (500.000 emplois en dix ans pour la seule France !) et donc le chômage, la précarité, la misère…ainsi que, de façon plus indirecte, l’affaiblissement croissant du pouvoir d’achat et donc celui de la consommation, élément constitutif majeur de la croissance du PIB, en France, et donc de la capacité de remboursement de sa dette.
    Les Agences de Notation, qui se comportent comme si elles étaient au service de ces seules puissances, n’ont jamais eu à rendre de compte sur leurs initiatives : comment ont elles pu noter de façon aussi flatteuse les obligations pourries qui résultaient des créances liées aux “subprimes” ? Comment justifier les abaissements de note qui ont frappé, toujours à un moment crucial, non seulement la Grèce mais aussi le Portugal ou l’Espagne ? Comment accepter la menace qu’elles font peser sur la France ? Comment expliquer leur indulgence vis à vis de la Grande Bretagne sinon par la connivence que manifeste ce grand pays pour le Libéralisme le plus ultra ? Un pays souverain peut-il accepter d’être soumis au chantage de telles officines qui paraissent sinon sans foi ni loi, du moins sans contrôle ni garantie ?
    Comment les gouvernements en place à travers la planète, voire même celui des Etats Unis, peuvent-ils tolérer que des Lobbys sans scrupules exercent des influences sans limites sur des administrations ou des membres de leur parlement, de façon à infléchir leurs décisions dans le sens de leurs seuls intérêts. Cette corruption de fait ne se pratique pas seulement à partir quelques dictatures d’Afrique, aux mœurs bien connues, mais aux Etats-Unis, en France ou même à Bruxelles où des Lobbyistes passent leur temps à pervertir les fonctionnaires de l’Union Européenne. C’est comme cela que les efforts pour lutter contre le changement climatique ont été réduits à néant, que des réglementations sont abrogées contre l’intérêt public le plus évident ou que des décisions proprement scandaleuses sont prises au bénéfice de simples particuliers – parfois par l’intermédiaire d’arbitrages contestables mais bien utiles pour leurs bénéficiaires.
    Les gouvernements peuvent-ils continuer à accepter que des paradis fiscaux développent leurs activités de façon quasi publique, dès lors qu’ils se sentent sûrs de leur impunité : le Monde Economie, publiait à la fin octobre un entretien avec J. Ph. Robé, avocat à Paris et à New-York, qui estimait qu’ “actuellement plus de 10.000 milliards de dollars sont détenus dans ces pays à fiscalité privilégiée, via 400 banques, les deux tiers des 2.000 fonds spéculatifs et deux milliers de sociétés écrans installées – de façon très virtuelle- dans ces Etats. Et ce stock augmenterait de 1.200 milliards de dollars par an”. Et de conclure ” Les stratégies prédatrices des paradis fiscaux, en érodant la base fiscale des Etats créent un problème fondamental”. Peut-on accepter que, dans ces paradis, l’argent de la fraude et celui du crime, ainsi blanchi, se mélangent impunément avec l’argent dissimulé des spéculateurs et des financiers de la planète ? Les dirigeants du G20 se vantaient d’avoir réglé le problème voici bientôt deux ans devraient reconnaître, une fois de plus, qu’ils privilégient les effets de communication, non l’impact effectif de leurs décisions.
    De plus, les banques et établissements financiers, devant les menaces de régulation croissante, développent, à l’instigation de la City et du Gouvernement anglais, ce qu’il est convenu d’appeler un système de “banque de l’ombre”. Ces établissements, qui fonctionnent dans une forme de clandestinité, concentrent désormais, pour le compte de grandes banques, une grande partie des activités sujettes à critiques : hedges funds, activités spéculatives en tout genre, placements immobiliers, sociétés hors bilan….Ils se trouvent en dehors de toute réglementation. Ensemble les fonds correspondants, ainsi immobilisés dans l’ombre, représenteraient environ 16.000 milliards de dollars soit plus encore que les 13.000 milliards d’avoirs bancaires officiels. Ils échappent à tout contrôle !Par rapport à ces montants que pèse réellement, en termes d’impact, le montant de la dette actuelle de la France ou celle d’autres pays d’Europe, dont on tire pourtant argument pour ruiner des économies entières ? Que pèsent les trente milliards suffisants, semble-t-il, pour éradiquer l’essentiel de la faim dans le monde ?
    Au total, sous les coups de boutoirs des véritables bénéficiaires du libéralisme le plus éhonté, l’économie des principaux pays de la planète s’est profondément dégradée :l’homme a disparu des préoccupations des systèmes de gouvernance ; les dirigeants ne connaissent plus que la dictature de l’argent et de l’argent seul. Le Veau d’Or de la bible a repris toute sa place au cœur de notre société. L’oubli de la place centrale de l’homme n’affecte pas seulement l’économie, c’est la société dans son ensemble qui est menacée par la déshumanisation ambiante : en France, par exemple, les mécanismes de préservation de la santé, sont insidieusement mis en cause et l’accès aux soins réservés à ceux qui peuvent payer ; les études à l’école sont facilitées pour les fils de famille,ceux qui sont programmés pour résister aux mécanismes de sélection et de compétition permanente ; les communes, ruinées par les prêts négociés par principaux établissements financiers, ne sont plus à même de mettre en place les équipements publics nécessaires…Les services publics sont sabotés. L’économie,consciemment désindustrialisée, n’est plus à même d’offrir à chacun le plein emploi comme elle le faisait au temps des trente glorieuses…Les citoyens se sentent ignorés, méprisés, négligés.
Cela peut-il encore durer longtemps. N’est il pas temps d’entrer en résistance ?

Pas de réponses

  1. Bonjour,
    Excellent résumé de la situation actuelle. Pour rebondir sur l'argent et la monnaie, en relation avec le livre de Bernard Lieter sur la nécessité de rétablir un équilibre masculin/féminin, nous remarquons dans ce billet qu'il y est question de l'homme et pas de l'être humain, des fils et pas des filles, un changement de vocabulaire aussi important que le changement de monnaie. Et ce qui n'est pas conscient ne peut être changé bien sûr. Voir le changement de vocabulaire d' Amnesty et de nombreuses instances internationales depuis plus d'une décennie maintenant, l'expression française "droits de l'homme", ayant été remplacé par "droits humains", merci Amnesty ! eh oui, il faudra toute l'humanité et pas seulement toujours la même moitié pour que les choses changent.
    Cordialement
    Bouddhisme au feminin
    Commentaire: je transmets à l'auteur, merci ! YM

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