femme solaire
Nous, femmes écoféministes, dénonçons la récupération du mouvement des femmes par le capitalisme patriarcal qui assimile l’égalité à la neutralisation des sexes.
Nous dénonçons le discours insidieux d’hommes de gauche, tel que Mr Weber, censé intervenir aux festives de la décroissance 2015 sur le féminisme; ce Monsieur a produit un pré-texte ( Weber_Michel_Feminisme_epidermique et_utopie_viscerale_2015) qui a indigné le petit groupe de femmes réunies cet été au Cantoyourte.
femmes écoféministe sur mandala de pommes de pin
Mr Weber explique très démagogiquement aux femmes dont les gesticulations “cosmétiques” ( avant ils disaient “hystériques”…)  ces deux derniers siecles n’ont, d’après lui, toujours rien changé, quelle sorte d’utopie politique elles devraient se fixer : “Comment obtenir un androgynat à partir du patriarcat : faire valoir la puissance du vagin et l’impuissance constitutive du phallus.”
L’androgynie réduit en bouillie l’universalité de la différence des sexes au profit d’une génération d’androïdes dont chaque morceau interchangeable doit être mis à prix et vendu sur le grand marché libéral.
Nous dénonçons la tentative de dissolution de la polarisation duelle des sexes par l’adoption linguistique du genre, euphémisme qui instrumentalise la confusion avec la diversité des sexualités pour dissimuler un androcentrisme récurrent.
Nous dénonçons l’égalité défendue par des arrivistes privilégiées complices du système d’exploitation patriarcal et de l’oppression universelle des femmes, en particulier des plus démunies.
Cette stratégie qui consiste à nier encore et toujours l’incarnation sensible des femmes, leur façon d’interpréter et d’appréhender le monde, stratégie qui a aboutit depuis des siècles aux mépris de leur corps, de leur maternité, de leurs capacités à nourrir, à soigner, à apaiser, à protéger, à faire confiance, à s’investir généreusement dans la gestion de la cité et la subsistance communautaire, est une perversion induite par la collusion avec les valeurs d’un système guerrier de domination et de prédation profondément misogyne.
Ce système mâle corrompu arrive à l’extrême de sa capacité de nuisance en acculant l’humanité au bord du gouffre. Aussi nous dénonçons que des femmes dites émancipées participent par leurs activités et leurs emplois productivistes à ce carnage.
serie de mannequin femmes sur étagères
Partout dans le monde, les femmes maltraitées au nom de la religion ou de l’idéologie du progrès et de la croissance, souffrent de la destruction et de l’appropriation de leurs moyens de subsistance, ainsi que de la confiscation de leurs enfants, par le mariage, l’école, l’urbanisation accélérée, le consumérisme illimité et l’ensemble des institutions patriarcales, au profit d’un enrôlement massif dans le grand jeu de massacre global. Partout, certaines d’entre elles luttent pour survivre et sauver ce qui peut encore être sauvé. Partout, elles sont les premières à pâtir, avec leurs enfants, des dommages irréversibles causés à notre environnement par l’accaparement et la pollution généralisés. Partout, l’économie de marché, la loi du plus fort, du plus gros, du plus brutal, engraisse des systèmes laïques ou religieux oligarchiques qui font dégénérer les concepts de liberté et d’égalité en assassinant toute velléité de fraternité.
L’émancipation personnelle par adhésion à un système d’exploitation sans limites des plus faibles, des ressources naturelles et de tous les êtres vivants humains et non humains, n’est en rien une libération, c’est le renchérissement d’une aliénation collective particulièrement grave pour les femmes et l’ensemble du Vivant.
Que certaines bourgeoises carriéristes, complaisamment citées par les hommes ( par exemple Élisabeth Badinter citée abondamment par Michel Onfray), s’arrogent le droit de faire la leçon aux millions de femmes qui, conscientes des limites naturelles, écologiques et sociales, sont en train de résister à la folie marchande, d’expérimenter d’autres voies, des façons de vivre décemment et sobrement sans martyriser son prochain et sans saccager la terre, ne démontre qu’une évidence : que le pouvoir pervertit, que l’ascension sociale par la compétition aveugle détruit les liens sociaux et la solidarité, et que les vendues du patriarcat et du capitalisme ont trahi non seulement la cause des femmes mais celle de l’humanité, passée, présente et à venir.
Elles ont abandonné, au profit des mirages consuméristes, cette fonction maternelle qui, réappropriée par des femmes libres de leur fécondité, de leurs investissements économiques et sociaux, de leurs engagements politiques, dans une société ralentie et équitable où prédominerait l’objectif du bonheur national, pourrait être la seule force capable de soigner une planète exsangue et de pérenniser l’espèce humaine.
Cette dévalorisation des maternités matérielles et morales par les femmes dites émancipées pour qui allaiter un enfant,
allaitement
planter un chou et choyer la vie est devenu réactionnaire et ringard, sert le totalitarisme scientifique des mâles progressistes asservis au Dieu tout-puissant du progrès infini. Il s’agit ainsi d’annihiler la faculté générative et thérapeutique physique, politique et spirituelle des femmes, des filles, des mères et des grand-mères. C’est ainsi que des technocrates mâles peuvent vanter ces corps dévalués, dégradés et vidés de toute substance comme moteurs d’un transhumanisme débarrassé de tout sentiment, de toute émotion, et faire miroiter la fabrication industrielle, dans des ventres extorqués à des esclaves femelles ou des utérus artificiels, d’embryons génétiquement modifiés, unisexes, sans généalogie et sans histoires.
Nous ne voulons pas d’androgynat, nous sommes des femmes réelles, charnelles, incarnant l’altérité d’hommes réels, charnels, nous ne sommes ni complémentaires ni une catégorie de la diversité : nous sommes l’autre sexe, l’un des pôles de la dualité sexuelle de tout être vivant, et en ce sens, nous sommes depuis toujours parfaitement égales avec l’autre sexe.
Nous ne disputons pas l’égalité puisque nous l’avons déjà. Nous n’avons pas besoin de prouver que nous sommes bonnes, aussi bonnes que les hommes, que nous sommes des hommes comme les autres. Nous n’avons rien à prouver et tout à faire. A commencer peut-être par ne plus rien faire, pour cesser tout dommage à notre mère la terre, pour réfléchir et c’est pas triste.
mains de femmes en cercle
Mais comme cette égalité naturelle a été confisquée par la violence des hommes, la société complètement bancale gîte dangereusement. A force de pencher toujours du même coté, le naufrage n’est pas loin. N’importe quel navigateur avisé répartirait les poids pour rééquilibrer son embarcation.
C’est pourquoi nous exigeons la parité totale partout.
L’humanité étant universellement double, l’équilibre étant source d’harmonie, tous les pouvoirs doivent être détenus par un homme et une femme ensemble, et non plus une personne seule.
Nous exigeons une parité radicale à tous les postes de décision, d’organisation et de gestion : pas seulement pour la candidature aux élections démocratiques, mais pour chaque poste et chaque responsabilité politiques, économiques et administratifs. Ainsi la présidence de la République doit être double, chaque ministère, député, préfet, chaque présidence de région, de département, chaque mairie, toutes les administrations et juridictions publiques, doivent être dirigées, gérées, administrées par un couple mixte. Ainsi, toutes les manifestations et interventions médiatiques, culturelles, politiques etc… doivent être systématiquement paritaires. Et ceux qui veulent se débiner ne devraient pas pouvoir s’en sortir en payant.
Pour ceux qui en sont encore à défendre l’emploi au lieu du Revenu Inconditionnel, voici un partage du travail qui devrait faire disparaître le chômage.
Selon ce principe de parité totale, nous constatons que la plupart des partis ou rassemblements politiques de gauche comme de droite continuent à ignorer délibérément la moitié de l’humanité.
Aussi nous déplorons qu’en particulier les Estives de la Décroissance 2015 s’alignent sur le machisme ambiant, concrétisé par 28 intervenants répartis en 4 femmes et 24 hommes, et que, pardessus le marché, la parole publique soit donnée à un homme sur la question du féminisme. Nous décrétons cette parole non légitime et déclarons que le contenu de ce discours d’homme, outre qu’il est historiquement faux, insulte nos personnes et nos valeurs féministes. L’histoire des femmes, occultée ou interprétée-manipulée par les hommes, ça suffit.
nous sommes toutes des femmes de chambre
C’est pourquoi, vigilantes sur toute instrumentalisation du féminisme et de l’écoféminisme, et bien que décroissantes engagées, nous boycottons ce ralliement.
Plus généralement, nous déclarons que les femmes et les hommes ne remettant pas en cause, par leurs actions, leurs omissions ou leurs pratiques, leur participation au sexisme, au productivisme et à la croissance se rendent complices de crimes contre l’humanité.
Ces femmes ne peuvent se dire féministes sans pervertir la cause des femmes qui est désormais celle de la survie de l’humanité. En ce sens, l’écoféminisme, utopie politique plus radicale et plus subversive que celle de tout parti politique révolutionnaire, est la condition de la décroissance et non l’inverse. Mais de même que la décroissance, il se traduit pour commencer par une éthique de l’engagement personnel.
Sylvie Barbe, porte parole du groupe écoféministe : « Les Bonnes à tout faire »