Bâtir les horizons politiques et sociaux: nouveautés de l'éditeur Ecosociété

Voici les nouveautés d’un excellent confrère québécois ! YM.

Nous sommes sur la défensive, non seulement face aux pouvoirs économique et politique, mais aussi face à la société. (…) On doit se défendre contre les intrusions du pouvoir dans notre vie privée, contre les effets de ses décisions, ou plutôt de ses mécanismes qui conditionnent notre vie sans qu’on puisse la contrôler. La force de la droite réside dans la faiblesse de la gauche. Quoi de plus facile, en effet, que de faire la promotion du statu quo, ou même du retour en arrière, quand aucune perspective d’avenir crédible n’est mise de l’avant. La faiblesse de la gauche réside dans son impuissance à ce jour à faire le point sur son histoire depuis le début du siècle et, plus particulièrement, depuis la Deuxième Guerre mondiale, et à formuler des horizons sociaux et politiques articulés aux conditions présentes. L’impuissance de la gauche provient du désarroi idéologique que les développements sociaux et les revers politiques survenus au cours du dernier demi-siècle ont entraîné, ce qu’avec Jean-Marie Domenach nous appellerons « le retour du tragique ».
Ainsi s’exprime Charles Gagnon dans La croisée des siècles. Ses constats sur la gauche, lucides et limpides, semblent avoir été écrits en ces heures sombres de l’austérité. Nous tentons justement, à travers cette rentrée, de construire ces horizons sociaux et politiques indispensables.
La saison s’est ouverte avec le titre Impératif Transition. Construire une économie solidaire. Notre catalogue avait déjà accueilli en 2010 le livre de Rob Hopkins, le Manuel de Transition. De la dépendance au pétrole à la résilience locale. Ici les auteurs Pat Conetty et Michael Lewis nous offre en quelque sorte un véritable manuel des économies diversifiées, locales, résilientes et faibles en carbone. De l’autosuffisance énergétique, de l’agriculture soutenable, des innovations bancaires conviviales (prêt sans intérêt, microcrédit…), du logement abordable, de la démocratie économique et de la durabilité, le livre fourmille d’exemples d’actions entreprises aux quatre coins du globe, du Japon au Québec, en passant par la Suède et les États-Unis. En librairie depuis le 25 janvier.
Sur un terrain plus historique et politique, nous publions des écrits inédits de Charles Gagnon dans le livre À la croisée des siècles. Réflexions sur la gauche québécoise dans la Collection Retrouvailles. Charles Gagnon y dresse un bilan sans compromis de la gauche au Québec qu’il qualifiait de moribonde. En collaboration avec la fondation Charles-Gagnon, nous avons rassemblé plusieurs textes aux accents pamphlétaires écrits à la fin des années 1990, où Charles Gagnon aborde plusieurs points épineux qui résonnent avec une immense acuité aujourd’hui : désarroi idéologique, question nationale, rôle et influence des syndicats, limites de l’action électorale, enfermement dans la défense des droits, économie sociale et luttes locales, etc. Afin d’ancrer ces textes dans les enjeux contemporains, nous avons demandé aux jeunes militant.e.s Jonathan Durand Folco et Jeanne Reynolds de réagir aux propos de Charles Gagnon, qui posent leurs propres diagnostics aux défis qui sont les nôtres. En librairie depuis le 11 février.
L’histoire continue d’éclairer nos problématiques contemporaines, cette fois du côté des médias, avec le titre Québec-Presse. Un journal libre et engagé (1969-74), de Jacques Keable. Né dans le contexte de l’ébullition sociale des années 1960, Québec-Presse publiera son premier numéro hebdomadaire en 1969. Issu d’un mouvement syndical « uni et solidaire », il se donne pour mandat d’en être le porte-voix, mais en totale indépendance. Ouvertement souverainiste et anticapitaliste, cet hebdomadaire progressiste voulait faire contrepoids aux médias de masse et bloquer la route aux fossoyeurs des acquis de la Révolution tranquille.
Malheureusement trop méconnue, l’histoire passionnante de ce journal nous rappelle le danger de l’hyper-concentration actuelle des médias et la nécessité vitale, pour une société
démocratique, de conserver une information au service du bien commun et une liberté de presse aujourd’hui bien mise à mal. En librairie le 25 février. Le lancement du livre aura lieu le mardi 10 mars à la librairie Zone libre
La signature récente de l’AECG (Accord Économique et Commercial Global entre le Canada et l’Union Européenne) nous a à nouveau rappelé la prégnance du libre-échange sur nos sociétés et l’abandon réitérée de notre souveraineté politique au profit des multinationales. Jacques B. Gélinas, qui a déjà beaucoup écrit sur ces questions, nous revient avec un ouvrage remarquable, Le néolibre-échange. L’hypercollusion business-politique qui retrace tout l’historique de ce qu’il appelle le néolibre-échange, soit un libre échange qui ne se limite pas aux barrières tarifaires mais qui est total et planétaire, couvrant l’accès aux marchés publics, la libre circulation des investissements et la protection des brevets des multinationales. Pour que la conception néolibérale de l’organisation d’une société soumise aux lois du marché puisse s’enraciner, cela exigeait que les gouvernants signent le renoncement à leur propre souveraineté. Gélinas montre ainsi comment, en 1988, Ronald Reagan et Brian Mulroney ont ouvert la voie à cette soumission à l’économisme triomphant en signant l’Accord de libre-échange Canada-États-Unis (ALE), soutenus avec fougue par les ténors du Parti Québécois. Quatre ans plus tard, ce même Mulroney signait l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Ces deux ententes allaient servir de modèle aux multiples accords négociés par la suite, tous dans le plus grand secret, officialisant ainsi une hypercollusion entre le monde des affaires et les gouvernements.
Devant le bilan désastreux du néolibre-échange pour l’environnement, la démocratie, la vie en société et l’accès aux services publics, Jacques B. Gélinas explore les contours d’un modèle alternatif qui s’enracine déjà dans les interstices du système capitaliste actuel : le coopérativisme. Si le néolibre-échange a fait de l’égoïsme le pilier de nos sociétés, le coopérativisme pourrait bien remettre la solidarité au cœur de nos pratiques. En librairie le 19 mars.
L‘hiver s’achèvera avec un ouvrage majeur, Comment exister encore? Capital, domination et techno-science, de Louis Marion, dans la collection Théorie. Philosophe de la décroissance, Louis Marion offre ici l’aboutissement d’années de réflexion sur les cadres philosophiques et politiques que nous devons dès maintenant mobiliser pour ne pas totalement abandonner le monde aux mains des petits ou grands valets de l’économie capitaliste dévastatrice.
Quels sont les changements nécessaires à opérer pour permettre la conservation à long terme de l’espèce humaine et la poursuite de l’humanisation de la société entravée par le capitalisme, la techno-science et l’idéologie néolibérale? Pour espérer répondre un jour par le politique à cette question et mener à bien le projet de nature civilisationnelle d’édification d’une écosociété, il importe d’abord et avant tout, nous dit Louis Marion, d’identifier les concepts, les objectivations et les tendances à l’œuvre dans le monde actuel. Reconnaître la nature de la double domination contemporaine incarnée par le capital et la techno-science, mais sans oublier de décrire l’idéologie et le langage qui se sont mis à leur service, c’est ce que l’auteur se propose de faire dans Comment exister encore?
Cet essai se présente donc sous la forme d’une introduction aux valeurs écosociales et entend procéder à une description critique des obstacles politiques, économiques et techniques à l’émancipation sociale et écologique pour se repérer dans la jungle idéologique du présent. Il prend surtout appui sur la pensée du philosophe allemand Günther Anders, mais également sur les écrits de Marx, Adorno, Gorz, Postone, Debord, Vioulac, Freitag, Illich, Michéa, Latouche, Arendt et autres auteur.e.s luttant contre les formes de la domination du capitalisme techno-équipé et cherchant à redonner tout son sens à un avenir démocratique et écologique encore possible et souhaitable. Il s’agit, pour l’auteur, de secouer le cadre idéologique à l’intérieur duquel les problèmes sont généralement posés et définis, à gauche comme à droite. En librairie le 25 mars, le livre sera lancé à la librairie Le port de tête le mercredi 1er avril.
De l’autre côté de l’Atlantique, les lecteurs.trices européen.ne.s pourront découvrir le livre de Deni Béchard, Des bonobos et des Hommes. Voyage au cœur du Congo en librairie depuis le 11 janvier. Le public bruxellois aura d’ailleurs la chance de rencontrer Deni Béchard lors de la foire du livre de Bruxelles où le Québec est à l’honneur (voir plus bas). Signalons également avec enthousiasme l’ouverture de la librairie québécoise à Bruxelles TULITU où son livre sera lancé le 24 février. Un événement à ne pas manquer!
Une éducation sans école, de Thierry Pardo, sera en librairie dès le 16 février. Une planète trop peuplée. Le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique de Ian Angus et Simon Butler sera en librairie dès le 10 mars.
Bonne lecture!

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