Des sympathisants écologistes en désaccord avec l'accord EELV/PS

Des sympathisants EELV en désaccord sur l’accord conclu avec le PS

LEMONDE.FR | 22.11.11 |

D’accord, pas d’accord ? Réagissez aux articles du Monde.fr
Le Conseil fédéral d'EELV, le 29 janvier 2011 à               Paris
Le Conseil fédéral d’EELV, le 29 janvier 2011 à ParisAFP/BERTRAND LANGLOIS

“Capitulation” ou “reniement”, les mots employés pour qualifier l’accord PS-EELV sont durs. Les réponses à l’appel à témoignages lancé par Le Monde.fr sont sans équivoque : de nombreux sympathisants écologistes n’ont pas apprécié que leur parti signe un accord électoral avec François Hollande au prix d’un compromis programmatique considéré comme “au rabais”.

On trouve bien sûr des soutiens à la signature de l’accord par Cécile Duflot, comme Olivier M., cadre supérieur membre de Greenpeace, ou Aimée M. qui juge que “c’est une avancée”. Mais alors que le conseil fédéral du parti d’EELV entérinait dimanche l’accord pour 2012 conclu par les deux partis jeudi 17 novembre, avec 74 % des voix des cadres écolos, la base militante ne semble pas sur la même longueur d’onde. Pas plus que les nombreux sympathisants.
Qu’ils aient – ou pas – rejoint la Coopérative lancée par Daniel Cohn-Bendit pour les sympathisants qui ne désirent pas s’encarter, ces écolos sont déçus, ils le disent sans retenue et l’argumentent. “Beaucoup de cinéma ces derniers temps, de promesses la main sur le cœur qu’il n’y aurait pas d’accord sans arrêt de Flamanville ou l’aéroport de Nantes… Et soudain, on apprend médusés qu’il y a un accord ‘a minima'”, lance Pedrito, “vieil écologiste sincère”. “Tout simplement scandalisée”, Marie-Thérèse G., retraitée à Vendôme (Loir-et-Cher), ne mâche pas ses mots : “Les Verts ne pensent qu’à avoir des postes et les socialistes ne sont pas courageux”. “A quoi sert un parti vert aussi mou ?” s’interroge Laure R., architecte parisienne de 40 ans.
“LE PS EST INCAPABLE D’INNOVER”
Les motivations des opposants à la signature de l’accord sont de deux ordres : pour les uns, aucune confiance ne peut être accordée au PS ; pour les autres, c’est le signe d’un renoncement de l’appareil vert contre quelques postes. Les premiers, comme Frédéric G. R., physicien de 38 ans habitant à Rennes, reprochent “les concessions programmatiques” faites au Parti socialiste. “M. Hollande et son équipe sont trop éloignés des orientations d’EELV et trop à chercher la direction du vent électoral et l’immobilisme consensuel”, juge-t-il.
Pour ces écolos convaincus, les rebondissements de la semaine dernière sur le MOX ont montré que François Hollande n’a pas saisi la mesure de l’enjeu écologiste. “Le PS est incapable d’innover, de réenchanter le monde. On a assisté à une tractation dans laquelle, le PS montre ses peurs, ses limites et son impuissance”, remarque Henri D., éducateur sportif âgé de 51 ans à Cenon (Gironde).
Le nucléaire est pour eux le thermomètre de cette “impuissance” socialiste : “Hollande n’a tout simplement pas pris la mesure de Fukushima et son impact sur la population”, assure Mael G., architecte naval. “Tant qu’une centrale n’explosera pas en France, les socialistes resteront aveugles”, lance George D. qui ajoute : “Je n’aurais pas signé avec ces irresponsables”.
D’aucuns voient dans ce recul sur le nucléaire l’inanité de la stratégie d’alliance avec les socialistes. “Ce type d’accord est coûteux auprès des électeurs puisqu’on passe pour des supplétifs du parti socialiste”, explique ainsi Mickael F. du Val-de-Marne, partisan de l’“autonomie” des écologistes. “Aujourd’hui, les gens vont confondre EELV et le PS” dit Jennifer qui regrette que son parti ait “cédé” sur l’EPR et sur Notre-Dame-des-Landes. “C’est la signature de renoncement à nos valeurs”, dénonce Marc S., cadre administratif à Bordeaux.
“LES VERTS METTENT AUX ENCHÈRES LEUR POIDS ÉLECTORAL”
Bien sûr, ces sympathisants mettent en cause François Hollande pour son intransigeance sur le MOX mais les responsables écolos n’échappent pas à la critique. Et elle peut être sévère. “Les Verts mettent aux enchères leur poids électoral plutôt que de chercher à bâtir une alternative globale crédible et cohérente”, tacle ainsi Loïc P. ” Pas Joly, joly, l’accord “, ironise Ricardo U. qui pointe les différences entre les exigences de la candidate et les concessions obtenues par ses camarades sur le nucléaire.
Le jeu n’en valait pas la chandelle, expliquent ces électeurs “déçus” comme Léo V. qui lâche que pour lui EELV “s’accroche aux banquettes de l’Assemblée et oublie que l’important dans la vie, c’est la cohérence”. “Vouloir à tout prix une représentation écologiste parlementaire au risque de se fourvoyer, est-ce la bonne solution ?”, interroge Bruno J., cuisiner rennais de 52 ans.
Les dirigeants ne sont pas épargnés. Pour Marc S., la direction d’EELV est désormais “une oligarchie verte qui a compris qu’il était plus facile de faire carrière à EELV qu’au PS”. “Une fois de plus, EELV, sous la direction de Cécile Duflot, a vendu une partie de son âme en échange de places éligibles”, commente André L., 50 ans, à Créteil. Il accuse la secrétaire nationale de“rouler pour [ses] intérêts”.
La déception est d’autant plus rude que beaucoup ont cru dans le caractère novateur d’Europe Ecologie. Les écologistes seraient devenus des politiques “comme les autres” qui auraient capitulé “pour un plat de lentilles”, se lamentent ces électeurs. Eux qui voulaient “faire de la politique autrement”, se retrouvent avec un “parti devenu institutionnel”, remarque Anne J., retraitée du Morbihan.
“Il est bien triste de voir que les revendications et les convictions de EELV ne valent pas beaucoup plus que quelques sièges à l’Assemblée nationale”, écrit Michel P., informaticien de 28 ans. “Comment ne pas conclure que, finalement, la politique ce n’est qu’un compromis d’épiciers ?” juge Alain A. Rémy D. résume le sentiment général : “Je viens de prendre une grosse baffe.”
Sylvia Zappi

Pas de réponses

  1. marcade dit :

    les bobos restent des bobos,pour se trouver des adhérents,ils préfèrent chercher du coté des socialos et des homos plutôt que chez les vrais écolos en pratique, ceux-là qui vivent au contact de la nature, les anciens soixante huitards qui ne se retrouvent dans aucun parti.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *