Fukushima, Tchernobyl, industrie nucléaire: des leçons à tirer !

Le tragique accident de Fukushima appelle d’abord ma compassion pour ses victimes: tous ces gens qui, après les tremblements de terre, le tsunami, la perte de leur famille, de leurs proches, ont été « évacués »; ils ont tout perdu, ne pourront jamais revenir sur leurs terres ou bien se remettre à pêcher. Ils sont pour l’heure cantonnés dans des gymnases, à regarder les infos, à se demander si le fond de tel ou tel réacteur va fondre et atteindre la terre et la nappe phréatique…
Face à une telle situation, les français ne seraient pas aussi stoïques que les japonais! Imaginez la panique ! Et pourtant, une catastrophe équivalente est probable, comme l’ont dénoncé bien des experts depuis des années, dont plusieurs de mes auteurs *. Et cela, pourrais-je dire, « tombe sous le sens ». En effet, l’industrie nucléaire se caractérise par son centralisme, son aspect concentrationnaire, depuis sa dimension purement physique jusqu’à l’administrative.
L’adjectif « nucléaire » provient du noyau, c’est le centre de l’atome. Cette industrie est organisée en centrales nucléaires: de grosses masses de béton d’où rayonnent des lignes à haute tension. Et elle a été imposée au peuple par un pouvoir centralisateur, parisien, sans aucun débat, de façon totalitaire et par la force policière.
Et à force de concentrer la production d’énergie à un tel point, il est naturel que ses effets collatéraux (ses « ombres ») soient aussi concentrés:

  • la production de déchets hautement toxiques qui exigeront des dizaines de milliers d’années de surveillance très technique;
  • une immense vulnérabilité, face aux éléments naturels (cf.Fukushima), aux erreurs humaines, au terrorisme;
  • la nécessité d’une protection de haute sécurité, tant technique que policière;
  • la nécessité de transporter très loin l’électricité produite, ce qui engendre des pertes énormes (5%) par les lignes à haute tension;
  • le défi du démantèlement après usage: l’exemple de la centrale de Brennilis en Bretagne montre que c’est quasiment infaisable…

Pour l’instant, l’humanité ne gère aucune de ces contraintes, si ce n’est que provisoirement. Mais nos gouvernants nous ont engagés dans cette aventure en dépit de toute prudence ni débat. En France, les considérations qui ont présidé au lancement de la plupart de nos centrales par Giscard dans les années 1970 furent même assez scandaleuses, par les liens de sa femme avec l’empire Schneider, lui-même propriétaire de la licence nucléaire Westinghouse…
Rêve de toute-puissance à tous les étages: « casser » le noyau de l’atome, jusqu’à régner au sommet de la pyramide étatique. Rêve prométhéen qui prend l’eau à Fukushima, Tchernobyl, et tous les lieux d’accidents…
La leçon à tirer de cette triste histoire est de mettre fin à ce délire de puissance et de centralisme. Nous aurions pu faire d’autres choix, et nous pouvons encore les prendre, en grande partie, selon la volonté politique que nous impulserons. C’est le choix de la décentralisation, étatique et énergétique, car les deux vont de paire. Redonner de l’autonomie au local, et décider de produire de l’énergie partout où cela est possible, le plus près possible d’où on en a besoin. Et bien entendu, à partir d’énergies renouvelables: éoliennes de taille modeste, panneaux solaires, microturbines hydroélectriques, bois, marées, etc. De la sorte, on remettra la production d’énergie proche des citoyens, ce qui est une excellente chose. Ensuite, on génèrera beaucoup moins de déchets. Enfin, ce système sera beaucoup moins vulnérable: il y aura certes encore des pannes et accidents, mais leur impact sera limité localement.
C’est un modèle radicalement différent, plus sûr, et plus démocratique, ne trouvez-vous pas ? Moi, si !
A cela, il est nécessaire d’ajouter la nécessaire remise en cause de notre mode de vie de gaspillage: les économies, dans le logement en 1er lieu, et dans les transports, sont nos plus gros gisements d’énergie, et le plus immédiat; commençons par celui-là !
Aujourd’hui, nous publions un petit livre qui décrit les conséquences pour les populations des environs de Tchernobyl: TCHERNOBYL, 25 ANS APRES, écrit par le Professeur Yuri Bandajevski. Il s’inscrit en faux contre la langue de bois des gouvernements et de l’ONU: lisez, c’est une manière de le soutenir.
Yves MICHEL, militant écologiste depuis 1972, ancien maire de la commune d’Eourres (Hautes-Lapes), et éditeur depuis 1983.
Communiqué de presse / nucleaire Editions Yves MICHEL

Pas de réponses

  1. Responsable web dit :

    Dans la même veine, lisez cet article posté sur Agoravox: http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pour

  2. Alexandre dit :

    Très inquiétante toutes ces vieilles centrales effectivement et même en France. Le sud est de la France notamment, à risque sismique et l'Italie sont des zones à risques élevé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *