Appel pour un "Greenpeace de la finance" de la part de députés européens

A l’initiative de l’eurodéputé Europe Écologie Pascal Canfin, un appel de parlementaires européens de différents groupes politiques demande à la société civile de s’organiser pour contrer le lobbying de l’industrie financière et bancaire.
Cet appel pour un “Greenpeace de la finance” a été publié fin juin en France par le Monde.fr et en Allemagne par le Financial Times Deutschland. Bulletin des Verts
Des députés européens en charge de la réglementation financière et bancaire:
Nous, élus européens en charge de réglementer les marchés financiers et les banques, constatons tous les jours la pression exercée par l’industrie financière et bancaire pour influencer les lois qui la régissent. Il n’est pas anormal que ces entreprises fassent entendre leur point de vue et discutent régulièrement avec les législateurs. Mais l’asymétrie entre la puissance de ces pressions et l’absence de contre-expertise nous semble être un danger pour la démocratie.

Le lobbying des uns doit en effet être contrebalancé par celui des autres. En matière environnementale et de santé publique, en face des industriels, les organisations non gouvernementales (ONG) ont développé une véritable contre-expertise. Il en est de même en matière sociale entre les organisations patronales et syndicales. Cette confrontation permet aux élus d’entendre des arguments contradictoires. En matière financière, ce n’est pas le cas. Ni les syndicats de salariés, ni les ONG n’ont développé d’expertise capable de rivaliser avec celle des banques. Il n’existe donc pas aujourd’hui de contre-pouvoir suffisant dans la société civile. Cette absence ne nous empêche pas de développer notre propre expertise indépendante de l’industrie et de faire notre travail, mais cette asymétrie constitue à nos yeux un danger pour la démocratie.
Car cette asymétrie s’inscrit dans un contexte de forte proximité des élites politiques et financières. Aux Etats-Unis, les liens entre Goldman Sachs et l’administration fédérale sont connus. Mais en Europe cette proximité n’est pas moindre. Elle contribue à renforcer la prise en compte des arguments de l’industrie financière de manière unilatérale et constitue un frein certain à la capacité du personnel politique à prendre des décisions en toute indépendance. Or, l’absence de réponse politique adéquate à la crise du système financier peut nourrir toute forme de populisme, basé davantage sur l’émotion que sur la raison.
En tant qu’élus européens en charge de la réglementation financière et bancaire nous appelons donc la société civile (ONG, syndicats, universitaires, cercles de réflexion…) à s’organiser pour créer une (ou plusieurs) organisation(s) non gouvernementale(s) capable(s) de développer une contre-expertise sur les activités menées sur les marchés financiers par les principaux opérateurs (banques, compagnies d’assurances, hedge funds, etc.) et de faire connaître de manière efficace cette analyse aux medias. En tant qu’élus issus de plusieurs familles politiques, nous pouvons diverger sur les mesures à prendre. Mais nous convergeons pour alerter l’opinion sur ce risque pour la qualité de la démocratie. En tant que parlementaires européens, nous invitons les élus des parlements nationaux à rejoindre notre appel en se rendant sur le site internet dédié finance-watch.org.
Liste des premiers signataires membres du Parlement européen :
Sophie Auconie (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Burkhard Balz (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Pervenche Berès (rapporteure de la commission spéciale sur la crise financière économique et sociale, présidente de la commission de l’emploi et des affaires sociales), Udo Bullman (responsable pour le groupe Socialistes et Démocrates dans la commission des affaires économiques et monétaires), Leonardo Domenici (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Pascal Canfin (vice-président de la commission spéciale sur la crise financière économique et sociale), Sergio Gaetano Cofferati (membre de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale), Elisa Ferreira (membre de la commission des affaires économiques et monétaires, en charge de la gestion de la crise transfrontalière dans le secteur bancaire), Jean-Paul Gauzès (responsable pour le groupe du Parti populaire européen dans la commission des affaires économiques et monétaires, en charge de la directive sur les fonds spéculatifs), Sven Giegold (responsable pour le groupe des Verts-ALE dans la commission des affaires économiques et monétaires, en charge de la directive sur les autorités européennes des marchés financiers), Robert Goebbels (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Thomas Händel (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Charles Goerens (membre de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale), Eva Joly (présidente de la commission du développement, membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Jürgen Klute (responsable pour le groupe Gauche Unitaire Européenne dans la commission des affaires économiques et monétaires), Philippe Lamberts (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Arlene McCarthy (membre de la commission des affaires économiques et monétaires, en charge de la directive sur les fonds propres bancaires), Anni Podimata (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Miguel Portas (vice-président de la commission spéciale sur la crise financière économique et sociale ), Peter Simon (membre de la commission des affaires économiques et monétaires), Dirk Sterckx (membre de la commission des affaires économiques et monétaires)…
Des députés européens en charge de la régle

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