Débat OGM: l'attitude piteuse du Sénat

Projet de loi et interdiction du MON810 : déshabiller Paul pour habiller Pierre ?
par Anne FURET, collectif INF’OGM
Début février, le gouvernement interdit le maïs Mon810, selon une procédure problématique (cf. ci-dessous). Dans le même temps, un projet de loi plutôt favorable à la culture des OGM était examiné par le Sénat. Dans le numéro 90, nous évoquions les discordances du projet de loi vis-à-vis des engagements gouvernementaux à l’issue du Grenelle. Lors du passage au Sénat du projet de loi, ce fossé s’est encore creusé. La loi paierait-elle le prix fort de l’interdiction du Mon810 ? Trois points significatifs sont à noter dans ce nouveau texte (1), qui est examiné par l’Assemblée nationale en ce moment.
La coexistence fait une entrée remarquée
Auparavant absent du projet de loi, le mot “coexistence” est désormais inscrit dans le titre du chapitre II du projet. Et désormais les conditions techniques s’appliquent à la mise en culture mais aussi à la récolte, au transport et au stockage. Cependant les règles ont été atténuées. En effet, le projet gouvernemental fixait comme objectif d’“éviter la présence accidentelle” de PGM dans d’autres productions. Le Sénat instaure des règles pour le moins floues, et assigne aux distances d’isolement de “permettre que la dissémination entre les cultures soit inférieure au seuil défini par la réglementation communautaire”. Or, aucun seuil de coexistence n’a jamais été défini par l’UE. Le seuil
d’étiquetage des aliments issus d’OGM (0,9%) n’est qu’un seuil d’information du consommateur, et selon les textes, il n’a pas vocation à devenir un objectif des mesures de coexistence. La seule disposition communautaire applicable en la matière permet à un Etat de prendre les mesures nécessaires pour éviter la présence accidentelle de PGM dans d’autres produits (en théorie 0%) (2). La formulation adoptée par le Sénat est donc source d’insécurité juridique. Enfin, sur les règles de responsabilité, il semble que la réparation partielle du préjudice issu d’une contamination ait satisfait les sénateurs. Pour rappel, la loi prévoit une responsabilité sans faute du seul cultivateur de PGM, pour une contamination d’une culture voisine supérieure à 0,9% (3). Le préjudice est basé sur la différence entre le prix de la culture non GM et le prix de la culture GM.
La Haute autorité réorganisée
La composition du comité scientifique est précisée. Composé de spécialistes du génie génétique, de protection de la santé, d’agronomie, d’environnement, de droit, d’économie et de sociologie, ce comité pourra émettre des avis. Le comité économique, éthique et social est remplacé par un “comité de la société civile” composé de représentants d’associations, d’organisations professionnelles, d’un membre du Conseil consultatif national de l’éthique et d’élus (des collectivités territoriales notamment). Mais ce comité ne pourra rendre que des recommandations, les avis étant l’apanage du comité scientifique. La voix de la société civile est donc considérablement amoindrie.
Le parcellaire contre la prison
En échange d’un registre parcellaire public (déjà présent dans le projet initial), le Sénat crée un délit de fauchage : entre deux ans de prison pour les cultures commerciales et trois ans pour les essais et dans les deux cas, 75 000 euro d’amende. Rappelons que le fauchage était déjà punissable sous la qualification pénale de destruction du bien d’autrui.
1, https://www.senat.fr/dossierleg/pjl07-149.html
2, art. 26bis, dir. 2001/18
3, Inf’OGM n°90
Association Inf’OGM https://www.infogm.org
2b rue Jules Ferry – 93100 Montreuil Email : eric@infogm.org
Tel / phone : 00 33 1 48 51 65 40

Pas de réponses

  1. LAVEZE Claudine dit :

    Bonsoir, je suis favorable à un véritable soulèvement pacifique des personnes conscientes du problème Monsanto. Je suis prête à manifester pacifiquement dans ma région, mais je ne pourrai pas prendre en main l'organisation. Parmi nos amis "créatifs culturels" certains seront ravis de continuer le travail entrepris en faveur du Tibet, contre le pouvoir aveugle où qu'il se trouve. La cause des OGM est suffisamment sérieuse pour qu'on y prête une attention aussi soutenue.
    Rappel : RDV par la méditation sur le Toit du Monde avec les grands initiés lors de la 1ère pleine lune de mai. Notre pouvoir s'y exerce pleinement et totalement en PAIX.
    Namasté,
    Claudine LAVEZE (AYLAVEZ)

  2. Thierry dit :

    Je suis moi aussi très favorable à une action pour renverser la tendance trop inconsciente et mensongère de notre pouvoir envers les OGMs.

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